Charlotte Dumas
A Terra
45,00€
Rupture de stock
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A Terra – D’innombrables marches grimpent jusqu’au toit-terrasse d’un vieil immeuble du Ballaró, l’un des quartiers médiévaux de Palerme. La terrasse était pavée de carreaux blancs et entourée d’une clôture grillagée. Il y avait une petite construction en forme d’abri, juste assez grande pour contenir un lit, une douche, des toilettes et un lavabo. Même à l’intérieur, j’avais l’impression d’être à l’extérieur, avec vue sur la ville. C’est là que j’ai vécu pendant quelques mois au printemps 2006.
Le propriétaire de la maison, un homme animé à la moustache fine et soignée, aimait beaucoup le ballet. Des photos dédicacées et des affiches de la célèbre danseuse italienne Carla Fracci dans le répertoire classique familier de poses et de gestes ornaient les murs. Il avait un chien, Arco, dont la niche partageait ma terrasse, mais je trouvais souvent Arco endormi sur la table de la cuisine, à l’étage inférieur.
Dans le parc situé de l’autre côté de la rue, une meute régulière de chiens errants traînait, paressant à l’ombre sur l’asphalte chaud et les pavés de pierre marbrée. La nuit, je les entendais aboyer en chassant les passants.
Au fil du temps, je me suis familiarisé avec ces meutes de chiens errants, les randagi, qui avaient chacun leur territoire dans les vieux quartiers de la ville. Ils rôdaient autour du port, au terminal des bateaux de croisière, et dans les marchés de rue, tournant autour des boucheries qui vendaient des abats et des pane con milza. La nuit, je les trouvais endormis, recroquevillés dans des boîtes en carton qu’on leur avait laissées. Ils faisaient partie du tissu complexe de la ville. […]
Pourtant, tous ces corps de chiens allongés sur le sol, l’immobilité des positions fœtales rondes dans lesquelles ils dorment souvent, parfois recroquevillés dans des niches creusées dans le sol comme s’ils étaient déjà dans une tombe, émanent de la gravité et de la temporalité. Ils me font réfléchir à notre mortalité et à l’espace que nous occupons vis-à-vis des autres, individuellement et en tant qu’humains aux côtés d’autres êtres sensibles. Sur ce que signifie l’appartenance, à une meute et à une espèce. J’éprouve un sentiment de nostalgie en observant ces chiens qui, ensemble, forment un corps collectif, doux et humble.
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