Big Fence / Pitcairn Island

Big Fence / Pitcairn Island – Les îles Pitcairn sont le dernier territoire britannique d’outre-mer dans l’océan Pacifique. L’île Pitcairn elle-même (25°4′0″S, 130°6′0″W) est la seule île habitée du groupe, et bien qu’elle soit de taille réduite (mesurant à peine deux miles sur un mile) et qu’elle compte moins de 50 habitants, elle a suscité beaucoup d’intérêt au cours des deux derniers siècles.

En 1790, elle a accueilli un groupe de fugitifs, les responsables de la mutinerie la plus célèbre de l’histoire à bord du HMS Bounty, dirigée par Fletcher Christian. Les descendants de ces mutins et de leurs captifs tahitiens peuplent encore l’île aujourd’hui. Pour de nombreux observateurs extérieurs, qui se fient aux adaptations romantiques de l’histoire de la Bounty par Hollywood, Pitcairn incarne l’utopie. Une terre de lait et de miel sous le ciel du Pacifique, toujours hors de portée, mais bien présente dans les esprits.

En 2004, cette façade a volé en éclats lorsqu’une série d’allégations d’abus sexuels sur des enfants a été révélée. L’enquête britannique, Operation Unique, a mis au jour des décennies d’abus. Des abus qui s’étaient envenimés à la vue de tous. Les procès de Pitcairn ont abouti à la condamnation de huit hommes de Pitcairn, dont plusieurs anciens fonctionnaires de l’île et le maire de l’époque, Steve Christian, dont la maison, « Big Fence », constitue le titre de ce projet.

En 2015, Rhiannon Adam, inspirée par un cadeau d’enfance de La Mutinerie sur le Bounty et par le désir de capturer la fragilité de l’île sur une pellicule analogique périmée, a entrepris le long voyage vers l’île de Pitcairn. En raison du calendrier trimestriel des expéditions, elle est restée piégée sur l’île pendant 96 nuits. Naturellement méfiants à l’égard des « journalistes », les Pitcairniens étaient, dans l’ensemble, réticents à participer au projet d’Adam. Tout au long du livre, les sujets apparaissent le plus souvent seuls, photographiés dans la solitude et à l’abri des regards indiscrets.

Conçu pour être aussi impénétrable et complexe que l’île elle-même, le livre se compose de deux parties : L’expérience personnelle d’Adam sur l’île, racontée à travers ses légendes et ses histoires personnelles, et un volume de photographies et d’archives connexes. Cette dernière partie retrace l’évolution des caractéristiques particulières qui ont conduit à l’éclatement de la communauté, d’un point de vue à la fois contemporain et historique. Tout au long de l’ouvrage, Adam nous encourage à considérer les dangers du romantisme et à réfléchir à notre culpabilité collective dans l’assujettissement des femmes.

Le livre est le premier prix de la 5e édition du Meitar Award for Excellence in Photography organisé en 2020 dans le cadre du festival international de photographie PHOTO IS:RAEL en coopération avec le Zvi and Ofra Meitar Family Fund.