Dear Jean Pierre

Dear Jean Pierre rassemble la correspondance transatlantique de David Wojnarowicz avec son amant parisien Jean Pierre Delage entre 1979 et 1982. Saisissant un moment véritablement fondateur pour la pratique artistique et littéraire de Wojnarowicz, ces lettres révèlent non seulement sa personnalité captivante – et sa tendresse, sa compassion et ses névroses concomitantes – mais indexent également le développement du langage visuel qui allait le définir comme l’un des artistes les plus éminents de sa génération.

À travers cette collection, les lecteurs découvrent la série Rimbaud de Wojnarowicz, le groupe 3 Teens Kill 4, la publication de ses premières photographies, son amitié précoce avec Peter Hujar, sa participation aux scènes artistiques et musicales naissantes d’East Village et les préparatifs de la publication de son premier livre. Ces écrits sont accompagnés de cartes postales, de dessins, de photocopies, de photographies, de collages, de prospectus, de documents éphémères et de planches contact qui présentent certaines des images et des œuvres emblématiques de l’artiste, telles que le motif de la maison en flammes et Sans titre (Genet, d’après Brassai).

Au-delà de ces jalons, le livre offre un portrait saisissant de Wojnarowicz dans la vingtaine, détaillant sa vie quotidienne avec le type de sincérité débridée qui vient avec l’âge et la douceur de l’amour et de la nostalgie. Cette tendresse désarmante donne l’image d’un jeune homme qui commence tout juste à trouver sa voix dans le monde et l’amour qu’il y a trouvé.

Bien que les deux hommes aient échangé autant de lettres l’un que l’autre, les correspondances de Delage ont été en grande partie perdues, ne nous laissant qu’un aperçu révélateur du monde intérieur de Wojnarowicz pendant ce qui s’est avéré être ses années de formation.

David Wojnarowicz (1954-1992) est né à Red Bank, dans le New Jersey. Wojnarowicz a canalisé une vaste accumulation d’images brutes, de sons, de souvenirs et d’expériences vécues en une voix puissante qui était une présence indéniable sur la scène artistique de la ville de New York dans les années 1970, 1980 et au début des années 1990. À travers ses nombreux volumes de fiction, de poésie, de mémoires, de peinture, de photographie, d’installation, de sculpture, de film et de performance, Wojnarowicz a laissé un héritage, affirmant le pouvoir vivifiant de l’art dans une société qu’il considérait comme aliénante et corrosive. Son utilisation d’une sémiotique brutale et d’illustrations graphiques a permis d’exposer ce qui, selon lui, était refoulé par le courant dominant : la pauvreté, l’abus de pouvoir, le nationalisme aveugle, la cupidité, l’homophobie et les ravages de l’épidémie de sida. Wojnarowicz est mort de complications liées au sida le 22 juillet 1992 à l’âge de 37 ans.