Charlotte Lapalus
Nuages
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Nuages – À la fin du XIXème, en 1873, trois météorologues appartenant à l’Organisation météorologique internationale — Hugo Hildebrand Hildebrandsson, Albert Riggenbach et Léon Teisserenc de Bort — ont pour mission d’établir le premier Atlas international des nuages. Ils y travaillent pendant vingt-trois ans et une première version est finalement publiée en 1896. Outre des peintures et des dessins, on y découvre pour la première fois des photographies de nuages en couleur, un procédé compliqué et dispendieux à l’époque. L’ouvrage, toujours d’actualité d’un point de vue scientifique, peut aussi se voir comme un ouvrage d’art et témoigne de l’alliance entre science et photographie, tout comme des potentialités esthétiques infinies des nuages.
Ainsi avons-nous pensé, à la lueur de ces études picturales et météorologiques, l’ouvrage « Nuages » de Charlotte Lapalus qui, depuis l’Europe, le Canada ou le Sahara, enregistre continuellement des états du ciel remarquables.
Ses cadrages, dépourvus de tout référent terrestre, rappellent ceux des Cloud Studies de Constable : la mer au-dessus de laquelle se forment les nuages, les montagnes dans lesquelles ils s’accrochent, ou encore les plaines qui s’assombrissent sous leur passage, disparaissent de ses photographies. L’attention est définitivement portée au motif et à la lumière : là, les filaments opalins d’un cirrus, ici les boucles sourdes et obscures d’un cumulonimbus, ou encore les masses agitées des nimbostratus qui lentement s’agrègent puis soudain s’éclairent de l’intérieur. Dans une déambulation chromatique — qui traduit leur caractère évolutif — les nuages passent du blanc au gris en virant aux roses, aux jaunes ou aux violets, selon leur altitude, le bleu du ciel, ou encore la position du soleil par rapport à l’horizon… Parfois, des éclairements particuliers comme les incendies ou les lumières des grandes villes peuvent venir interférer avec leurs couleurs naturelles.
Alors interviennent d’autres questions, à l’heure de l’anthropocène. Trainées de condensation des avions à réaction, smogs de pollution urbaine, panaches d’usines ou champignons atomiques ont fait leur entrée, depuis le début de la Révolution Industrielle, dans le paysage atmosphérique. On les appelle nuages anthropogéniques, et tous ont pour point commun d’être artificiellement créés par les activités humaines.
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