J'aime bien le train, on a le temps de regarder
J'aime bien le train, on a le temps de regarder
"J'aime bien le train, on a le temps de regarder". La phrase est simple, presque
triviale. Elle n’est pas la déclaration enflammée d'un amour dévorant, mais le
murmure songeur de quelqu'un qui se laisse doucement bercer, les yeux glissants
sur le paysage, par le roulis régulier d’un wagon. Dessinés à la première
personne, ces instantanés hypnotiques se succèdent au gré de l'écoulement des
heures, des changements de lumière, ou du passage d’un contrôleur. Du train,
expérience d’un lieu suspendu, à la fois présent et déjà passé, collectif et
solitaire, Yann Kebbi ne retient que des fragments : épier son voisin dans un
reflet, coller son front à la vitre et scruter les jardinets qui défilent…
Alerte, curieux ou contemplatif, le voyageur n’est plus défini, le temps d’un
trajet, que par ce qu’il voit. Figure majeure du dessin contemporain, Yann Kebbi
déploie, en très grand format, un travail à la plume complexe, physique, presque
méditatif, complété par une série saisissante de monotypes en couleurs. Après
plusieurs expositions prestigieuses (Fondation Cartier, Galerie Martel…), il
choisit ici le livre comme territoire d’expression, poursuivant une œuvre
profondément singulière et habitée. Son trait libre capte l’essence d’un voyage
et, immobiles, nous laissons le dessin prendre le relais de notre regard.
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