L'écriture a-t-elle changé l'environnement?

Lorsque nous écrivons un email, une liste de courses ou que nous faisons notre comptabilité, nous utilisons des techniques très anciennes. L’écriture est l’invention fondatrice des cultures humaines en termes de communication. Depuis leur invention, les écritures organisent les sociétés: sédentarisées, enfermées dans les villes fortifiées, hiérarchisées par spécialités d’activités, exploitant et domestiquant la nature alentour. Ce système d’inscription est en apparence efficace pour comptabiliser, prédire, communiquer, archiver, organiser, etc. L’écriture sépare, réduit, encode et nous éduque à nous séparer de la nature en la convertissant en unités enregistrables pour la maîtriser. Or le vivant est complexe et ne se laisse pas réduire à ces raccourcis. En se rendant compte de l’inefficacité des inscriptions, les humains ont préféré transformer la nature pour la simplifier selon le mode de fonctionnement de l’écriture. À force d’usage, l’écriture a produit des milieux socialement et naturellement appauvris qui ont eu tendance à s’homogénéiser. Pour comprendre cela, il faut regarder l’écriture sous un nouveau jour: c’est un système technique et si nous n’y prenons pas garde, nous pouvons en devenir l’instrument. Yann Aucompte est professeur agrégé de Design et métiers d’art, enseignant au lycée Jean-Pierre-Vernant de Sèvres en DNMADe Graphisme, docteur en esthétique, sciences et technologies des arts de Paris 8. Sa thèse a porté sur le design graphique français et s’intitule: La diversité éthique des pratiques de graphisme en France au tournant du XXIe siècle. Direction de la collection: Vivien Philizot, professeur des universités en design graphique et cultures visuelles à la faculté des arts de l’Université de Strasbourg