Museum
Museum
« Je pars de l’idée de déambulation dans un musée. Automatiquement surgissent
des choses intimes. J’ai une technique et des fragments, je cherche la sortie
comme dans un labyrinthe. »
Museum est le récit le plus intime d’Eric Lambé, un espace où les images
mentales s’enchaînent avec une fluidité virtuose. Lambé est le premier visiteur
et le gardien de son musée. La visite se fait seul, sans guide, nocturne de
préférence.
Seul le gardien sait ce qui se cache derrière chaque fragment, derrière un titre
ironiquement pompeux, derrière les références artistiques ou personnelles. Il
faut se laisser emporter, laisser la lumière extérieure se répercuter dans les
pièces, dans le silence, quand on ne dort pas, qu’on ne travaille pas, pour lui
donner sens. Le reste, c’est de la poésie, une profonde et mystérieuse
introspection par le dessin, une méditation graphique abstraite et mélancolique
à la portée aussi intime qu’universelle.
Quelle relation au monde est possible pour qui s’interroge sur son rapport à la
norme, pour qui craint à tout instant de sombrer en dépression ? Vaut-il mieux
rester à l’intérieur, ou se risquer à l’extérieur ? Comme dans Paysage après la
bataille, l’introspection commence par un trouble artistique, qui ouvre à un
rapport apaisé au monde extérieur.
D’un même geste, Lambé poursuit les idées qui sont au centre de son travail et
détruit tout : ce qu’il a fait avant, ce que l’on attend, à l’image de la
période vache de Magritte citée dans son récit. Créé de façon brute, quasi
automatique, Museum est laissé à notre libre sensibilité. Chaque détaila un
profond écho, concourant à nous perdre et à préciser le propos. La déambulation
frise constamment l’abstraction, mais produit à chaque pas des images fortes,
directement compréhensibles par une approche sensuelle, chacune renfermant tout
un monde et faisant écho à nos propres troubles.
Eric Lambé a notamment dessiné Le Fils du roi, livre devenu culte par sa
radicalité formelle dont les planches rejoindront les collections du Centre
Pompidou. Paysage après la bataille, scénarisé par Philippe de Pierpont, à
obtenu le Fauve d’Or 2017. En 2024, Lambé a dessiné Antipodes, scénarisé par
David B.
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