Burning sounds
Burning sounds
Les bandes dessinées de Yûichi Yokoyama ne relèvent pas seulement du dessin, il
y entre également une part de collage souvent discrète mais déterminante :
durant les longues phases d’esquisses de ses planches, et jusqu’au moment de les
achever, le mangaka pratique dans ses dessins de nombreuses découpes,
retranchant des parties dessinées pour les remplacer par d’autres, tantôt en
guise de repentir ponctuel, tantôt en guise de relance de la composition.
Burning sounds exacerbe à un point dévorant ce travail de collage, et le
projette cette fois au premier plan de l’image. C’est comme si les dessins, les
actions et les situations réunis dans les planches de Burning sounds ne
supportaient plus d’être clairement représentés et contenus dans l’espace
raisonnable des cases, mais se jetaient les uns à la rencontre des autres en une
déflagration continue.
Il en résulte une bande dessinée faite sur le modèle de ces rêves
kaléidoscopiques au cours desquels situations, émotions et sensations
s’enchaînent sans apparence de logique : un fragment d’image en chasse un autre
avant d’être immédiatement évincé à son tour, broyé par un flot de traits
rageurs, par une évocation soudaine ou par une interjection codifiée (« Action !
», « On se dépêche », « De la fumée », « Fuyez ! », etc.). Yokoyama décrit ainsi
Burning sounds comme « un manga expérimental construit sur le modèle de la
poésie expérimentale, qui minimise la narration », et ajoute : « Une fois que
l’ai lu un roman, je ne le lirai plus durant les trente années qui suivent,
tandis que je continue de lire le même livre de poésie moderne, encore et
encore. »
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