Carlo Zinelli
Carlo Zinelli
S'il y a de nombreux textes consacrés à Carlo, dans des catalogues d'exposition
notamment, s'il figure en bonne place dans les ouvrages consacrés à l'art brut,
peu de publications lui ont été spécifiquement consacrées. Il s'agit là de la
première étude en français à lui être exclusivement consacrée.
Figure importante de l'art brut, Carlo Zinelli – dit Carlo – naquit en 1916 à
San Giovanni Lupatoto en Italie. Il est le sixième enfant d'une fratrie de sept.
A l'âge de 2 ans, il perd sa mère. Très tôt, Carlo se passionne pour la musique.
A Vérone, il travaille à l'abattoir municipal.
La guerre. D'abord enrôlé comme chasseur alpin, il partira pour l'Espagne
prendre part à la guerre civile. Il en revient deux mois plus tard déjà, blessé.
Suivent deux ans de convalescence à la suite de laquelle il sera réformé. Blessé
dans son être et dans son rapport défaillant aux autres, Carlo Zinelli s'est
exfiltré d'un monde pour en investir un autre, le créer sans relâche et
peut-être le redéfinir. De 1941 à 1947 des crises successives d'angoisse et
d'agressivité le mènent en effet périodiquement en hôpital psychiatrique. Il est
enfin interné pour schizophrénie paranoïaque. Pendant une longue période il ne
fera que des graffiti, sur le sol, sur les murs. Ce n'est qu'à partir de 1957
que Carlo pourra donner libre cours à sa créativité : il peut enfin s'exprimer
grâce à un atelier d'expression libre qui s'est ouvert dans l'hôpital. Dans ses
dessins à la gouache ou au crayon, dans cette épopée quotidienne que seule la
mort interrompra après vingt-sept ans d'internement (il mourra en 1974 à
l'hôpital de Chievo à Vérone), ses deux mondes de schizophrène se rencontrent,
se fécondent et s'apaisent mutuellement. Le cortège d'hommes, de femmes,
d'animaux plus ou moins exotiques est infini.Les êtres passent, ombres sans
visage, corps mutilés, perforés, crucifiés, ensevelis. S'ils portent tous les
stigmates de l'impossible oubli, l'odeur de la terreur, de la souffrance, voire
de la mort, n'y est plus. Lavée. Neutralisée.
Des expositions des œuvres réalisées dans l'atelier sont organisées en Italie et
à l'étranger. C'est alors que Jean Dubuffet voit celles de Carlo et en acquiert
de nombreuses qu'il intègre dans sa Compagnie de l'Art brut (aujourd'hui
Collection de l'art brut, à Lausanne). L'artiste laissera 2000 œuvres environ.
S'il y a de nombreux textes consacrés à Carlo, dans des catalogues d'exposition
notamment, s'il figure en bonne place dans les ouvrages consacrés à l'art brut,
peu de publications lui ont été spécifiquement consacrées. Il s'agit là de la
première étude en français à lui être exclusivement consacrée.
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