Ce qui est arrivé par la peinture
Ce qui est arrivé par la peinture
Le terme « réexamen » apparaît dans une formulation de Simon Hantaï au sujet de
son tableau A Galla Placidia des années 1958-1959 : il écrit exactement
« réexamen rétrospectif de 10 ans de travail ». En considérant l’ensemble des
textes et entretiens de ce recueil, ce mot semble à la fois approprié pour
désigner ce que ce livre entend offrir au lecteur — l’occasion d’un réexamen de
ce qu’un peintre a écrit et dit conjointement à ce qu’il a peint — et adéquat à
ce que Simon Hantaï lui-même a incarné au cours de son existence : une
résolution à se réexaminer sans trêve et quelles qu’en soient les conséquences.
Il s’agit non seulement pour lui de considérer telle réalité — par exemple la
peinture — avec une attention toute particulière qui conduit à ne jamais s’en
satisfaire mais, en outre, d’être habité par une incertitude qui motive ce
réexamen proprement interminable. Les textes et entretiens réunis ci-après, nous
permettent de suivre et sans doute de mieux comprendre ce qui se passe avec les
peintures que Simon Hantaï met en circulation depuis qu’il s’est exilé à Paris à
partir de septembre 1948 et qu’il entre ensuite en contact avec André Breton et
les surréalistes. Par comprendre la peinture de Simon Hantaï, il ne faut
naturellement pas entendre que les diverses déclarations qui suivent et qui
courent sur cinquante années vont rendre les gestes de ce peintre transparents
ou évidents. Il ne tenait pas à ce qu’ils le soient pour lui-même. Celui qui va
revendiquer le pliage comme « méthode » à compter de 1960 entend rompre avec
l’ancienne logique picturale et recommencer une activité apparemment plus simple
en pliant des toiles. Hantaï suit sa méthode du pliage pour découvrir du
nouveau, plutôt que des variations d’un imaginaire qu’il estime éculé. « Je ne
veux pas une réponse qui m’assure quelque chose, je ne veux justement aucune
réponse, je veux l’absolu non-réponse, c’est-à-dire l’infini. » À la lecture de
ces textes et entretiens, on entrera mieux dans une pensée de la peinture ayant
permis la mise à jour de la conscience du peintre lui-même , ce qui ne garantit
pas pour autant qu’on saura mieux regarder cette peinture.
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