Démon
Démon
Fraîchement débarqué dans une ville étrange, un jeune homme trompe son ennui
comme il peut dans son minuscule studio de banlieue aux allures de cellule de
prison. Lorsqu’il surprend à sa fenêtre une conversation téléphonique évoquant
une fête qui se tiendrait dans le secteur, il saute sur l’occasion et suit
aveuglément le mystérieux bellâtre qui l’embarque à l’arrière de sa moto.
Arpentant la ville à toute vitesse, les deux jeunes hommes traversent la nuit
jusqu’aux confins les plus reculés de la cité, là où tout peut arriver.
Dans cette histoire qui entremêle le réel au fantastique, Henri Crabières nous
emporte dans une course effrénée semée d’embûches. L’auteur joue avec les
contraste et oppose un trait souple et détendu, à une issue inattendue de
l’histoire, où la légèreté laisse place à un déferlement de violence inouï et
inexpliqué.
Tranchant avec la prévisibilité du récit et les codes de la fiction
audiovisuelle moderne — qui a décrété arbitrairement que tous les actes d’un
personnage doivent être compréhensibles — Henri Crabières retrouve ici un
précepte cher à Milan Kundera et nous rappelle à cette évidence trop souvent
oubliée : ce sont le hasard et l’absurde qui régissent nos existences. Nos vies
si bien réglées sont à la merci du premier acte gratuit et peuvent basculer en
une seconde dans l’inconnu, pulvérisées par la violence, l’impossible et
l’inexplicable.
Avec Démon, Henri Crabières nous entraîne dans un univers urbain aussi familier
que dérangeant et, parant son récit de la désinvolture des anecdotes, il fait
diversion pour mieux nous sécher le moment venu d’un coup de poing dans
l’estomac, nous laissant choqués, le souffle coupé.
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