Homeland
Homeland
Flamand de naissance, Gruyaert sait depuis longtemps que sa terre natale est "
un endroit visuellement intéressant dans lequel il se passe des choses
incongrues ". L'univers chromatique typique du photographe dresse ici le
portrait d'une Belgique où le quotidien peut basculer en un instant dans
l'étrange. Ces images évoquent parfois des collages surréalistes, mouvement
artistique dont les représentants belges étaient fascinés par l'étrangeté de la
réalité. Sens du grotesque, du sarcasme, banalité, mais aussi émotion et une
certaine tendresse s'esquissent au fil d'images de carnaval, de processions
religieuses, de petites localités hérissées de maisons en briques... Les ciels
sont souvent bas, les lumières cristallines, les couleurs saturées pour damer le
pion au froides atmosphères du nord.Au fil des pages se déroule un long
travelling : la notion de temps semble ici anéantie, l'objectif du photographe
saisit la singularité d'une nation, capture un quotidien qui se déploie comme un
décor de cinéma hyperréaliste. Éclairages urbains, néons de devanture, regards
qui se dérobent derrière les sages rideaux d'habitations de banlieue, passants
costumés errants après une fête arrosée, quais de gare plongés dans des matins
brumeux, faune de nightclubs déjantée, zones périurbaines aux mornes façades,
ports ne dormant jamais, campagnes aux lignes d'horizon infinies, la Belgique de
Harry Gruyaert est un condensé de l'art du photographe : une attention extrême
aux couleurs et aux lumières qui restitue le caractère fugitif des choses. En
contrepoint à ces photographies couleur, quatre portfolios d'images en noir et
blanc réalisées dans les années 1970 – protohistoire du photographe – et
reproduites sur un papier offset, viennent scander cette immersion visuelle de
ce voyage au plat pays.
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