iris.time unlimited (1962-1975)
iris.time unlimited (1962-1975)
Iris Clert : peu de noms de galeristes aimantent autant que celui-ci. Pour des
générations d’amateurs d’art, elle demeure l’icône flamboyante de
l’effervescence artistique parisienne de l’après-guerre. Active du milieu des
années 1950 au début des années 1980, elle accueille dans ses galeries
successives, Rive gauche puis Rive droite, des expositions mythiques tels Le
Vide d’Yves Klein en 1958 et Le Plein d’Arman en 1960, ainsi que certains des
artistes les plus importants du XXe siècle comme Pol Bury, Gaston Chaissac, Bill
Copley, Lucio Fontana, Leon Golub, Raymond Hains, Ad Reinhardt, Takis et Jean
Tinguely. Si cette liste d’artistes, non exhaustive, lui confère évidemment une
place de choix dans l’histoire de l’art contemporain, Iris Clert fut aussi – et
c’est l’un de ses grands apports – l’inventrice de formats d’exposition et de
communication inédits, comme en témoigne sa revue iris.time unlimited. Conçu
pour renouveler sa manière de communiquer alors qu’elle emménage Rive droite au
début des années 1960, Iris Clert publie pendant treize ans un feuillet de
quatre pages, régi par une double ligne rédactionnelle : d’un côté, annoncer et
promouvoir les expositions de la galerie et, plus généralement, informer sur le
monde de l’art contemporain et son actualité ; de l’autre, proposer un espace de
création propice à des interventions comiques, absurdes et polémiques. Le
premier numéro paraît le 6 octobre 1962, le dernier numéro en avril 1975. La
longévité de la revue est à noter dans un milieu où les expériences de ce type
sont généralement éphémères. Chaque numéro présente des caractéristiques
communes, tant au niveau du contenu que de la maquette. Reprenant le principe
des unes de France-Soir, celles d’iris.time unlimited présentent le titre du
journal encadré par deux oreilles, le portrait de la galeriste à gauche et celui
de l’artiste de l’exposition annoncée à droite, une tribune ou gros titre et une
photographie d’œuvre en grand format, sous un bandeau d’informations légales. Le
tirage oscille entre 4 000 et 6 000 exemplaires tandis que la liste des abonnés
contient près de 450 noms. La fréquence de parution est variable, tributaire du
rythme des expositions et des séjours d’Iris Clert à l’étranger. La publication
accueille des collaborateurs plus ou moins réguliers, des rubriques plus ou
moins récurrentes. Parmi celles-ci, des chroniques sur la vie artistique
parisienne, des revues de presse, des jeux, des publicités, des présentations de
critiques, le « Point de vue d’Iris », des billets d’humeur, les « Ragots de la
galerie », des petites annonces loufoques et, bien sûr, un horoscope réalisé par
la voyante d’Iris Clert. « Mon petit journal, commencé à la blague, deviendra
une œuvre d’art en soi. C’est une symbiose de mystification et de
démystification où l’humour a tous ses droits », résume Iris Clert dans ses
mémoires. Bien plus qu'une curiosité de bibliophiles, iris.time
unlimited demeure aujourd’hui une référence pour de nombreux éditeurs et
galeristes. Collectionné par les bibliothèques universitaires américaines et
européennes spécialisées en histoire de l’art et les centres de documentation
des musées du monde entier, iris.time unlimited incarne le style qu'Iris Clert a
imprimé dans le monde de l'art, mélange de sociabilité, d'humour, d'excentricité
et de créativité. Grâce à cette nouvelle impression en fac-similé, au papier et
format identiques à l'original, cet ovni éditorial est désormais à la portée de
tous. La reproduction complète des 46 numéros est accompagnée d'un livret
contenant un texte du critique et historien d'art Clément Dirié, auteur de
l’ouvrage remarqué Iris Clert. L’Astre ambigu de l’avant-garde (2021), de
photographies ainsi que des biographies des contributeurs et d’un index des
abonnés. Sa publication célèbre au jour près le soixantième anniversaire de la
parution du premier numéro d’iris.time unlimited.
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