Les Couleurs du passé
Les Couleurs du passé
Dans leur ouvrage, Le passé est un événement, Laurent Olivier et Mireille Séguy
posaient cette question : « Quel sens le passé peut-il prendre pour le présent à
partir duquel nous le percevons ? » Vaste question qui autorise une large
palette de réponses. Peter Geimer, lui, s'est concentré sur les tentatives de
recréer le passé par des images selon la chronologie suivante : peinture (en
couleur), photographie (en noir et blanc) puis le film (en mouvement). Son essai
sur cet enregistrement du passé débute avec la peintre d'histoire (Meissonier)
et la peinture de panoramas ; le chapitre suivant aborde la photographie,
procédé qui permet une autre possibilité de disposer du temps dont l'arrêt sur
image est le plus ensorcelant ; le dernier chapitre traite du film qui vient
ajouter à ce réservoir d'images une innovation capitale - la possibilité de leur
redonner vie, de les animer. Grâce à une succession d'études de cas très bien
choisis, Geimer s'empare des images du passé tout comme des images qui viennent
du passé. Il déconstruit la formule fallacieuse du « 100% archives », explique
comment certains acteurs fournissent des images du passé à une société et
surtout nous met en garde sur les formes de témoignages visuels. Les vues
historiques de Jérusalem qui ont été prises sur les lieux abandonnés de
l'histoire biblique, la dernière image de Robert Capa, les images présentées
dans l'exposition de 1995 sur les crimes de la Wehrmacht pendant la Seconde
Guerre mondiale ou encore les images d'archive utilisées par des artistes -
toutes ces images sont comprises comme des formes autonomes de manifestations de
l'histoire. Mais, l'appropriation du réel historique au moyen de l'image dépend
clairement depuis quel moment nous regardons le passé.
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