Les Jardins de Babylone
Les Jardins de Babylone
La Terre paraît bien loin, vue de la Lune, et bien paisible. On n’y distingue
pas les longs pipelines qui strient des sols arides et transportent son bien le
plus précieux; on ne devine pas la sécheresse qui sévit ni les malheurs qu’elle
engendre; on n’y entend pas les plaintes des moins fortunés, ni l’oppression que
ces derniers subissent, même si la colère gronde, et enfle, inexorablement. Sur
la Lune, on ne souffre pas de tout ça, même si on reste tributaire de la Terre
et de son eau, que l’on fait importer dans d’énormes containers volants. Il faut
aussi, bien sûr, être plus riches et plus puissants que le reste de l’humanité
pour mériter cette place de choix sur ce triste satellite, devenu refuge de
l’élite mondiale. Politique et poétique, Les Jardins de Babylone use d’une
narration à plusieurs voix, où de plus courts chapitres viennent s’enchâsser
dans un récit plus grand et plus tortueux. Nicolas Presl dresse alors le
portrait d’une humanité minée par ses inégalités et par l’arrogance d’une
minorité qui s’arroge tous les droits, même si avidité et égoïsme semblent se
retrouver dans toutes les couches de cette société en péril. Entre fable
prémonitoire et pur récit de science-fiction, Les Jardins de Babylone refuse
tout manichéisme et empoigne à bras-le-corps la complexité du monde et des
sentiments humains – et si le constat peut paraître parfois un peu sombre il
n’est, heureusement, pas complètement dénué d’espoir, ni d’humour.
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