LSD n° 03 : a diy issue
LSD n° 03 : a diy issue
Si la pratique du Do It Yourself est communément entendue comme relevant du
bricolage, du détournement (hacking), de l'organisation sociétale et politique,
elle est aussi prospective et patrimoniale. Patrimoniale en ce qu'elle permet,
par groupes constitués, de faire revivre des savoir-faire et méthodes tendant à
disparaître. Prospective, en ce qu'elle permet la création d'outils qui
n'existeraient pas, mais potentiellement réalisables.
Les applicatifs du Do It Yourself sont véritablement tentaculaires, de niche, et
partagent leur opposition à la massification. Relevant de ce mouvement
disparate, on pourra prendre pour exemples l'autoédition, le cosplay, la
biotechnologie, le hacking, notamment en programmation informatique, la création
artistique, la création musicale.
Sa forme contemporaine la plus médiatique et souvent romancée se trouve dans
l'appellation fablabs, et ne saurait couvrir l'ensemble des réalités.
On trouve les prémices du mouvement DIY dans les pages des magazines Popular
Mechanics (1902) et Mechanix Illustrated (1928). Forme d'éducation populaire,
destinés aux lecteurs des zones périurbaines et rurales – territoires oubliés –,
il s'agissait de répondre à un besoin d'autonomie afin de pouvoir réparer des
objets manufacturés plutôt que de les racheter.
La fin des années soixante, avec l'émergence de mouvements se fondant sur la
conscience des enjeux environnementaux et la défiance envers une société fondée
sur la seule consommation, voit apparaître le partage de ressources,
parallèlement dans les communautés universitaires, les mouvements hippies en
Amérique du nord, punks en Europe. The Whole Earth Catalog, Access to Tools
(1968) de Stewart Brand constitue notre point contemporain de référence.
Ce numéro s'ouvre dans le contexte de la monographie consacrée à Gilles de
Brock, dont la pratique révèle la mécanique de production Do It Yourself. Les
travaux de Gilles ne peuvent être circonscrits à ses seules réalisations, mais
sont englobés dans une économie de la transmission déployée dans le manifeste de
la contre-culture de Brand, favorisée aujourd'hui par le Web 2.0, contributif.
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