Printemps
Printemps
C’est à l’âge de soixante-quatorze printemps (comme le dit la vox populi)que
John Elsas (1851-1935) s’est vu, très étrangement, sans le vouloir vraiment,
entamer une carrière d’artiste, en composant chez lui quantité d’images
(aquarelle, dessin à l’encre, collage) dans la marge inférieure desquelles,
comme des sortes de légendes, sont écrites, de sa main, quelques lignes. À sa
mort, c’est en tout 25 000 dessins environ que laissera John Elsas. Puis tout
disparaîtra, ou du moins restera dans l’ombre. Mais pour mieux reparaître,
lorsque son petit-fils pourra miraculeusement hériter de cette œuvre, avant d’en
faire don, en 1999, au musée d’Art brut de Saint-Gall, en Suisse. Ce sont
obstinément de simples figures pleines de vitalité, ludiques, presque naïves,
qui bougent et se déplacent, qui entrent et sortent, de droite à gauche, de
gauche à droite, l’ensemble semblant chercher à composer comme une sorte de
chorégraphie : une danse qui n’aurait aucune fin, ni même de commencement,
d’ailleurs, qui ne voudrait danser qu’elle-même, toujours, hors de toute
pesanteur, librement.
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