Dans « The Ridge » (un espace naturel boisé et dégradé situé au centre de New
Delhi et destiné à servir de poumon à la ville), Pablo López reprend les formes
du meilleur documentaire paysager du XIXe siècle (celui de la photographie
documentaire appliquée à l'archéologie, la topographie, l'urbanisme, le paysage,
l'anthropologie, la chronophotographie, la criminologie, l'identité, la
botanique, etc.) mais en y injectant très subtilement des codes - narratifs,
formels et thématiques - pleinement contemporains. Ce faisant, López parvient à
faire d'un document photographique une énigme plus qu'un énoncé, une question
plus qu'une réponse, une porte ouverte à la suggestion plus qu'un point
d'arrivée avec une lecture fermée et définitive. Ainsi, dans « The Ridge », on
nous propose un certain néoclassicisme documentaire (dans ses formes) mais qui,
en même temps, est assez dérangeant (dans son regard). Nous voyons l'équilibre,
oui, mais déstabilisé. Nous voyons l'ordre et le désordre. Nous voyons un
certain mystère et une énigme. Et tout cela est présenté d'une manière très
délicate, mesurée, polie et élégante.
